5 préjugés à défaire au sujet des femmes judiciarisées

25 mars, 2025

Les femmes judiciarisées sont trop souvent perçues à travers une lentille étroite, stéréotypée et stigmatisante. Pourtant, leurs parcours sont complexes, et les réalités qu’elles vivent sont rarement prises en compte dans l’espace public. Si l’on veut construire une société réellement juste et inclusive, il est essentiel de déconstruire certains mythes tenaces. 

Voici 5 préjugés à déconstruire dès maintenant (lire la suite)

  1. Elles sont forcément dangereuses ou violentes

La majorité des femmes incarcérées ne le sont pas pour des crimes violents. Les infractions les plus fréquentes concernent des délits liés à la pauvreté, à la consommation de substances ou à la survie. Le système judiciaire traite souvent les femmes avec peu de reconnaissance pour les contextes sociaux et personnels dans lesquels leurs gestes ont été posés.

  1. Elles ne méritent pas d’être mères

Ce préjugé est particulièrement violent. La maternité des femmes judiciarisées est fréquemment remise en question, alors même qu’elles peuvent être profondément investies dans leur rôle de mère. Ce n’est pas parce qu’une femme est ou a été incarcérée qu’elle cesse d’aimer ou de vouloir protéger ses enfants. Il faut sortir de cette vision punitive et penser en termes de réparation, de soutien et de maintien des liens familiaux lorsque c’est possible, et souhaitable pour l’enfant.

  1. Elles sont responsables de tout ce qui leur arrive

Ce mythe individualisant nie les violences systémiques que ces femmes subissent souvent dès l’enfance : violence conjugale, abus sexuels, pauvreté chronique, racisme, itinérance, exclusion sociale… La judiciarisation n’est pas un accident isolé, mais bien l’aboutissement d’un parcours de marginalisation. Blâmer les femmes sans voir les oppressions à l’œuvre, c’est passer à côté de la réalité.

  1. Elles se disent victimes alors qu’elles sont coupables

Certaines femmes judiciarisées sont accusées de « jouer la carte de la victime ». Cette perception nie à la fois leur vécu et le droit fondamental d’être entendues dans la complexité de leurs trajectoires. Dans une approche féministe, croire les femmes et reconnaître aussi les violences qu’elles ont subies n’efface pas leur responsabilité, mais permet une lecture plus juste et complète de leurs parcours.

  1. Elles ne peuvent pas changer

C’est l’un des préjugés les plus décourageants et les plus faux. De nombreuses femmes judiciarisées reconstruisent leur vie avec force, courage et résilience, lorsqu’on leur en donne les moyens. L’accès à un logement, à du soutien psychosocial, à la formation, à la réinsertion sociale fait toute la différence. Ce n’est pas une question de mérite, mais de justice sociale.

Briser les préjugés, c’est déjà transformer une partie du système. Les femmes judiciarisées sont des mères, des filles, des sœurs, des travailleuses, des citoyennes. Elles méritent d’être vues dans toute leur humanité et soutenues avec dignité. Et si on écoutait leurs histoires au lieu de projeter nos jugements ?