Après la prison…la transition?

16 janvier, 2025

La réinsertion sociale des personnes judiciarisées revêt une importance capitale. À leur sortie de prison, elles sont confrontées à de nombreuses difficultés. Le système québécois et canadien repose sur une vision selon laquelle il ne suffit pas de punir les crimes commis, mais qu’il est également nécessaire d’aider les ex-détenu(e)s à surmonter leurs facteurs criminogènes et à réintégrer la société de manière « convenable » et durable.

Cette réintégration marque le début d’une transition de vie complexe, jalonnée de défis pour les personnes, notamment les femmes, ayant connu la détention. Trouver un emploi, un logement, retourner aux études, reprendre la garde de leurs enfants, reconstruire ou établir un réseau social positif… Tous ces enjeux peuvent significativement influencer leur retour en société.
Pour surmonter ces obstacles et favoriser une réinsertion réussie, de nombreuses personnes judiciarisées sont dirigées vers une maison de transition.

Les maisons de transition : un tremplin vers la réinsertion sociale?

Aussi appelées centres résidentiels communautaires, les maisons de transition sont au nombre d’une trentaine au Québec. Toutefois, seulement deux d’entre elles sont exclusivement dédiées aux femmes : l’une est située à Québec, et l’autre à Montréal, dans l’ouest de la ville. Il s’agit de La Maison Thérèse-Casgrain (MTC), opérée par la Société Elizabeth Fry du Québec (SEFQ).

Les maisons de transition accueillent principalement des personnes qui n’ont pas encore purgé la totalité de leur sentence ordonnée par le Tribunal. Ces dernières ont obtenu le privilège de poursuivre leur peine dans un environnement plus ouvert qu’un établissement carcéral ou un pénitencier et ont obtenu ce qu’on appelle une « semi-liberté ».  Cette semi-liberté leur est accordée après qu’elles ont démontré, de manière sincère et convaincante à un comité de libération conditionnelle, leur potentiel de réinsertion sociale.

Les conditions de semi-liberté sont individualisées et sont établies par l’équipe de gestion de cas. Les personnes résidant en maison de transition doivent respecter des règles strictes et maintenir une implication constante pour y conserver leur place. À tout moment, une personne peut être renvoyée en prison si son comportement le justifie.

La durée des séjours peut varier de quelques semaines à plusieurs années et est déterminée en fonction de la longueur de la peine restant à purger. 

La Maison Thérèse-Casgrain, une maison de transition pour femmes

Depuis 1980, La Maison Thérèse-Casgrain (MTC) offre un accompagnement aux personnes incarcérées dans les établissements pour femmes. Située dans un secteur résidentiel du quartier Notre-Dame-de-Grâce (NDG) à Montréal, elle bénéficie d’un emplacement proche des commerces et des transports en commun. Pour les femmes qui possèdent leur véhicule, il est possible de se stationner dans les rues environnantes en respectant les signalisations en vigueur. 

La MTC peut accueillir jusqu’à 40 résidentes simultanément et héberge environ 100 femmes par an, toutes engagées dans un processus de réinsertion sociale. Les résidentes peuvent provenir d’établissements provinciaux, comme l’établissement Leclerc de Laval, ou de pénitenciers fédéraux, tels que l’établissement Joliette. Certaines femmes proviennent également d’autres provinces.

Une équipe composée de conseillères cliniques et d’intervenantes est présente 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. La plupart des chambres sont individuelles, sauf en période d’achalandage exceptionnel.

La MTC propose de l’hébergement, un soutien et de l’accompagnement pour la réinsertion des femmes qui y résident; mais son objectif principal reste la gestion du risque de récidive et la protection citoyenne. 

Les maisons de transition sont-elles efficaces ?

Peu d’études se sont intéressées aux résultats des séjours en maison de transition. Celles qui existent explorent les facteurs contribuant à la réussite ou à l’échec des résidents. Comme l’explique Anne-Marie Ducharme (2014), les conceptions de la réussite diffèrent selon les études, rendant les comparaisons difficiles.

Il est essentiel de distinguer les motifs pour lesquels une personne quitte une maison de transition avant la fin de son programme :

  • Suspension pour non-respect des conditions de mise en liberté : La majorité des retours en prison sont dus à des manquements aux règlements, comme une violation des conditions de mise en liberté (respect d’un couvre-feu, obligation de ne pas consommer d’alcool, de ne pas fréquenter certaines personnes ou certains milieux, etc.)
  • Retour en prison pour un nouveau crime : Ces cas sont beaucoup moins fréquents (Hamilton et Campbell (2013)).

Ces résultats sont encourageants et suggèrent que les maisons de transition peuvent jouer un rôle clé en aidant les résident.e.s à franchir des étapes déterminantes dans leur parcours de réinsertion post-carcérale. Mais surtout, participer à un programme en maison de transition est une source de grande fierté pour celles et ceux qui réussissent à le mener à terme.

Sources : 

Société Élisabeth Fry du Québec, À Montréal la maison Thérèse-Casgrain (2024)

https://elizabethfry.qc.ca/fr/services/hebergement 

Anne-Marie Ducharme, Taux de réussite des maisons de transition membres de l’ASRSQ (2024)

https://asrsq.ca/assets/files/recherches-et-memoires/rec_mem_taux_reussite_maison_transition.pdf